
Auteur : Aurélien Rossanino
Lorsque j’avais vingt ans, j’ai été marqué par la lecture d’Un amour insensé (Chijin no ai) de l’auteur japonais Jun’ichiro Tanizaki. Et plus particulièrement par une scène – la seule scène du roman dont je garde, dix ans plus tard, un souvenir précis : celle du dancing de jazz. Nous sommes dans les années 1920, et c’est probablement l’endroit le plus scandaleux, le plus littéraire, le plus étonnant de la ville. Cette scène, qui, par la peinture des mœurs des danseurs de jazz, esquisse, en direct de l’époque, la modernité que vivait Tanizaki. Rencontre heureuse entre la nuit, l’éphémère, la musique, les gens et le texte, où chaque élément alimente les autres.
C’est probablement par admiration béate pour Tanizaki, pour « copier » Un amour insensé, que j’ai commencé à composer des textes, absolument pas fictionnels, qui analysaient certains concerts ou soirées musicales auxquels j’assistais, en Chine comme au Japon – voire ailleurs. Le but n’est pas d’en faire de la littérature. Quoi que ce mot veuille dire, je tiens ici un journal. Un journal critique. Un journal rock, heavy metal, et plus si affinités.